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Leaf Pattern Design

Comment je suis devenue équilibriste 

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C'est en recollant les morceaux de sa propre histoire que peut émerger une jolie toile.

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C'est en fouillant et en naviguant dans les méandres de son propre parcours que se cachent les trésors.

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Il m’apparaît que c'est en se réappropriant et en se réconciliant avec sa propre histoire personnelle que l'on peut véritablement exprimer qui l'on est : être alors en pleine possession de ses moyens, en déployant au plus grand ses ailes.

S'offrir en quelque sorte une nouvelle naissance.

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Celle-ci consisterait à pouvoir regarder sa vie - quelle qu'elle eût été, quelle qu'elle soit - comme une œuvre d'art en dépassant le chaos et les accros qu'elle renferme aussi.

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· Pouvoir recueillir dans les décombres la fleur qui pousse juste à côté des gravats.

· Récupérer, juste à côté de la désillusion, la lueur d'espoir.

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Ma grand-mère était sourde et muette. J'ai longtemps considéré cela comme un détail. Mais mamie m'avait en fait ouvert toute une voie.

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Dès mon plus jeune âge, j'ai dû me montrer très attentive à elle afin de pouvoir la comprendre. En veillant à me placer d'abord bien en face d'elle pour observer non seulement le mouvement de ses lèvres mais aussi pour bien fixer les expressions de son visage, et examiner son attitude. Et saisir ainsi son message.

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Mamie m'a appris qu'écouter, ce n'est pas seulement recueillir des sons. Qu'écouter, c'est surtout se mettre en lien avec l'autre.

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Mamie m'a appris qu'écouter, c'est percevoir un message même quand le son manque. Mamie m'a appris que les silences s'écoutaient aussi.

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Mamie m'avait permis sans le savoir de développer une grande empathie envers les gens. A me placer dans une attention totale envers l'autre et à cultiver une écoute qui va au-delà des mots, qui dépasse la simple compréhension mécanique des sons ! Très chère mamie… MERCI

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Et puis, la vie a continué son mouvement, avec ses joies et ses peines, ses accrocs aussi et même comme un chaos intérieur. Difficile à décrire, impossible à exprimer.

 

Oui, j'avais appris à écouter les autres, mais je n'avais pas appris à m'écouter moi-même. Je ne savais même pas je crois que j'avais des choses à écouter en moi. Je ne savais pas que c’était important, ce qui vit à l'intérieur de soi.

C'était pourtant l'envers de la même pièce. La pièce de l'écoute. Il suffisait de la retourner. C'était là, tout près de moi, mais je ne le voyais pas.

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J'étais une oreille qui vagabondait, au gré du vent, mais qui n'avait pas de socle, comme détachée du reste du corps. On aimait mon écoute et ça m'allait. J'étais toujours prête à écouter. J'étais une oreille … besogneuse ! On m'aimait, je crois pour cela.

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Sauf que finalement, je souffrais beaucoup, et peut être bien du manque d'attention que je me portais.

Je ne savais ni le chemin pour revenir à moi, ni sentir ce qui vibrait de l'intérieur, encore moins ce qui avait besoin d'être exprimé. J'étais un réceptacle qui savait absorber l’extérieur, mais complètement coupé de sa propre intériorité.

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Et puis, je ne savais pas dire, je ne savais pas comment dire et je ne savais pas me dire. L'oreille était fine, la parole très peu fluide.

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Alors j'apprends. A utiliser la voie de l'écoute que mamie m'avait ouverte, mais en la dirigeant vers moi.

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J'apprends à retrouver le chemin qui mène à moi, à reconnaître cette connexion précieuse avec mes besoins et en même temps à retrouver le chemin de l'expression pour me dire. Cela constitue la voie de ma seconde naissance.

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J'apprends à intégrer mon oreille au reste de mon corps, à ré assembler les morceaux, à accueillir mes différentes facettes, et à les inclure dans mon ensemble.

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Dans un ensemble dont j'apprends peu à peu à sentir la forme, le contour, la solidité, l'ancrage et surtout l'unité.

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C'est ainsi que je suis devenue cette équilibriste qui ajuste en permanence ce lien horizontal tissé avec les autres et celui, vertical, lié à son propre alignement et à sa propre cohérence.

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A porter une attention simultanée à l'extérieur et à l'intérieur.

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Rien n'a changé au fond. Ce que j'ai à offrir de mieux au monde, grâce à mamie, c'est toujours l'écoute.

A la différence près qu'aujourd'hui, j'accorde aussi de l'importance à l'écoute de moi même.

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Pour m'accueillir profondément. Cette différence s'appelle certainement l'amour de soi.

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Ce témoignage pour ne pas oublier que le parcours est la clé. Qu'à travers chaque expérience de vie, se cache une chance pour s'ouvrir à son être véritable. Et à apprendre à s'aimer encore plus.

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A nous de fouiller pour déceler la pépite que la vie nous apporte...

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